Ou de promouvoir le port d’armes au moment opportun.
Souvenez-vous de cette mode : l’Air Guitar. Il s’agit de mimer un guitariste sans son instrument. Cette pratique enfantine a son championnat du monde. Des français y excellent. Les concurrents, grimés, se désarticulent autour de rien et leurs doigts s’agitent dans le vide, au rythme d’une musique en play-back qu’ils ne savent pour la plupart pas jouer et encore moins composer.
Le citoyen français ne peut utiliser aucun instrument dédié à défendre sa vie sans risquer de se la faire légalement ruiner. L’individu qui ose se défendre est souvent victime deux fois. Une fois victime de ses agresseurs et une seconde fois de la « justice » qui le rééduque lors de son inévitable procès.
2. Le code pénal de 1926 contenait un article 139 des plus stupides – « sur les limites de la légitime défense nécessaire » – selon lequel vous n’aviez le droit de dégainer votre couteau qu’une fois que le couteau du criminel était à votre portée. Et vous ne pouviez le poignarder qu’après qu’il vous ait poignardé. Dans le cas contraire, c’est vous qui seriez jugé. (Et aucun article de notre législation ne disait que le plus grand criminel était celui qui attaquait un plus faible que lui). Cette peur de dépasser la limite de l’autodéfense nécessaire a conduit à une mollesse totale comme caractéristique nationale. Un jour, un voyou a commencé à tabasser le membre de l’Armée rouge Alexandre Zakharov à la sortie d’un club. Zakharov a sorti un canif pliant et a tué le voyou. Et pour cela, il a écopé d’une peine de dix ans d’emprisonnement pour meurtre pur et simple ! « Et qu’est-ce que j’étais censé faire ? » demanda-t-il, stupéfait. Le procureur Artsishevsky lui répondit : « Vous auriez dû vous enfuir ! « Vous auriez dû vous enfuir ! »
– Alexandre Soljenitsyne. L’Archipel du Goulag. Tome 2. 1973.
Alors dites-moi, qui crée les voyous ?
3. L’État, dans son Code pénal, interdit aux citoyens de posséder des armes à feu ou d’autres armes, mais ne s’engage pas lui-même à les défendre ! L’État livre ses citoyens au pouvoir des bandits – et ose ensuite, par l’intermédiaire de la presse, les stimuler à la « résistance sociale » contre ces bandits. Résistance avec quoi ? Avec des parapluies ? Avec des rouleaux à pâtisserie ? Ils ont d’abord multiplié les bandits et ensuite, pour leur résister, ils ont commencé à rassembler des vigiles populaires (druzhina), qui, en agissant en dehors de la législation, ont parfois abouti à la même chose. Mais alors, comment auraient-ils pu « simplement les obliger à courber la tête sous le joug de la loi » depuis le tout début ! […]
Le citoyen français l’a assimilé. Il se contente au mieux de mimer l’utilisation et l’apprentissage des instruments de défense. Il en fait des jeux. Il en fait des sports et des arts. Airsoft. Pistolet de défense « à Co2 ». « Art » martial. Judo « verbal ». Jeux « de tir ». Tir « sportif ».
Bien sûr, il continue de se faire massacrer dans la rue, dans les bals de campagne, dans sa chambre à coucher.
Mais à peine lui suggère-t-on de rétablir le port d’armes à feu pour défendre sa vie, sa liberté, sa propriété – « pour de vrai ! », sommes nous parfois tentés de préciser comme si nous parlions à des enfants – que les chemins neuronaux entretenus à la faucille et au marteau, à la javel quotidienne, lâchent les mots de la récitation apprise par cœur :
« Ce sera le Far West comme aux Etats-Unis ! »
« Le voisin fou ! »
« Seuls les policiers sont capables d’utiliser une arme ! »
« C’est se faire justice soi-même ! »
… Etc.
Tout est vidé de sa substance.
Tout comme les autres sujets de la politique – de la traditionnelle vénération de la sécurité sociale française aux bouffonneries de la DEI (Diversité, Égalité, Inclusion) – les mots sont remplacés par des mantras. D’eux naîtraient la vérité et les bons points. Il ne s’agit plus pour le citoyen de partager une réflexion personnelle mais d’affermir sa position sociale, en constant péril dans un championnat de copie-collage permanent.
Lorsque Max m’a proposé d’écrire un article pour le Nouveau Libertarien ayant pour sujet la légalisation du port d’armes – merci – j’ai été tenté de faire la récitation de contre-arguments destinés aux opposants.
Il est savoureux de parler de l’ubuesque désinformation du sujet des armes aux États-Unis et rebondir vers les autres pays. Israël par exemple, si on est taquin. Facile de s’amuser du paradoxe qui veut que pour se protéger de l’hypothétique voisin fou on doive se désarmer soi, et facile d’ironiser sur le nombre réglementaire de cartouches tirées en un an par un personnel des forces de l’ordre, inférieur à ce que tire un civil en une simple séance de tir sportif. Consternant, de devoir rappeler que la police ne dispose pas de la téléportation et que la justice se rend à posteriori de l’acte jugé.
Des articles pallieront ce manque, je n’en doute pas.
Nous sommes entre gens de bonne compagnie, c’est à dire entre gens qui ne veulent pas soumettre les autres. Je pars donc du principe que vous agréez que chaque individu à le droit de défendre sa vie, sa liberté et sa propriété. Que vous savez qu’un droit sans moyen réel d’en jouir et de le protéger ne vaut rien. Que peu de choses peuvent aussi bien symboliser un pays dont l’État n’est pas totalitaire, que sa population librement armée. Que rien ne peut remplacer le port d’une arme à feu pour sa défense personnelle.
Cela fait quinze ans que je milite pour un meilleur accès aux armes en France. Dix ans pour le droit et les moyens de défendre sa vie. Sept ans que j’ai cofondé l’Association pour le Rétablissement du Port d’Arme Citoyen (ARPAC).
Je partage avec vous mon constat : ces idées, à froid, ont très peu de prise sur cette immense majorité opposée au port d’armes. Pas plus que les chiffres et les statistiques en ont – nous finissons généralement non par débattre avec un opposant, mais par nous battre contre Google. Si ce n’est ChatGPT.
Nous n’avons pas plus de prise avec les grands textes et les grands principes, aussi républicains ou démocratiques soient ils, de Beccaria à Mirabeau en passant par les libéraux d’aujourd’hui.
Cesare Beccaria. Des délits et des peines. Chapitre XL. -Fausses idées d’utilité. 1764.[Faussement utiles] sont encore les lois qui défendent le port d’armes, lois qui, n’étant suivies que par des citoyens paisibles, laissent le fer dans la main du scélérat accoutumé à violer les conventions les plus sacrées, et conséquemment à ne pas respecter celles qui ne sont qu’arbitraires et de peu d’importance ; lois qu’on doit enfreindre sans peine et sans périls ; lois enfin dont l’exécution exacte anéantirait la liberté personnelle, si précieuse pour l’homme, si respectable pour le législateur éclairé, et soumettrait l’innocence à toutes les vexations réservées pour le crime. Elles ne servent qu’à multiplier les assassinats, en livrant le citoyen sans défense, aux attaques du scélérat ; ces lois qui rendent la condition de l’assaillant meilleure que celle de l’assailli ; qui sont plutôt la suite de l’impression populaire dans quelque circonstance effrayante que le fruit et le résultat de combinaisons sages ; ces lois enfin que dicta bien plutôt la peur du crime que la volonté raisonnée de le prévenir.
Je constate que les trop rares personnes qui sont sensibles à nos arguments ont déjà en amont développé la conscience qu’elles ont le droit fondamental de se défendre. Elles n’attendent que notre coup de pouce amical pour ne plus s’oublier. Je ne prêcherai pas des convaincus plus que nécessaire. Si nous avons le droit de nous défendre, la logique fait le reste.
La question primordiale à poser est bien celle du droit de se défendre, mais peut-on seulement y songer en partant du principe que se défendre est d’abandonner son libre arbitre ?
Depuis les expériences de Asch et de Milgram nous savons que la grande majorité des individus se soumet à la pression du groupe et de l’autorité, et se renie. Depuis Orwell, nous savons reconnaître la novlangue et l’inversion. Depuis le 20e siècle et ses horreurs nous savons par expérience ce que précède et accompagne le désarmement d’une population : au mieux rien, c’est à dire aucun changement du niveau de la criminalité et un secteur économique détruit. Au pire la guerre, l’occupation, la tyrannie, la violence ragaillardie, son génocide. Toujours : la réduction de la liberté individuelle.
Pourtant rien ne semble résister à la peur de l’exclusion et au besoin de conformité. Et la conformité aujourd’hui est stupéfiante, elle m’a été formulée ainsi : « Plutôt risquer de mourir que de me défendre ! ». Son propre sacrifice au profit du crime seul. Ou encore ainsi : « Pour savoir ce qui est bien ou mal, il suffit de se référer à la loi. ». En somme l’argument d’Eichmann, colonel SS, qui officiait dans le transport des camps de la mort et se défendait lors de son procès en affirmant n’avoir fait « qu’obéir aux ordres », et à la loi.
Rien n’y résiste. Pas plus la morale que la dignité la plus basique. Pas même la vue. Pas plus aujourd’hui qu’hier. Rien y résiste à part, parfois, un dernier petit village cérébral dont les portes ne s’ouvrent que sous l’émotion fugace suscitée par l’irruption d’un fait divers trop insupportable ou trop proche, sous l’effroi suscité par l’irruption indéniable de la réalité et de la nécessité. Bataclan. Trèbes. Thomas. C’est alors qu’il faut souffler dans la corne pour la charge et enfoncer les rangs de la légion.
Les faits-divers sont une horreur, c’est acquis. Leur soi-disant récupération serait une honte. Apparemment seulement s’ils ne sont pas récupérables pour rajouter une couche de salive sur les bottes régaliennes, que ce soit sous forme de crachat ou de léchouille, selon que vous soyez de gauche ou de droite, au pouvoir ou dans une opposition.
C’est à ce moment précis de discorde dans le culte, de dissonance intime, de paradoxe, dans cet espace exiguë des commentaires des faits-divers, ce forum temporaire, qu’une autre voix peut enfin être audible par le lecteur cruellement conscient de son désarmement personnel : la voix de la raison et de la liberté. Celle du respect des droits naturels. Une voix claire et sereine ;
Vous avez le droit de défendre votre vie, celle de ceux que vous aimez, celle des innocents. Il vous en faut le moyen. La loi ne désarme que ceux qui la respectent. Rien ne remplace le port d’une arme à feu. Il faut rétablir le port d’armes.
Dites-leur.