John Doe
Company Name
« Enfin, comme il sera admis en principe que l’État est chargé de faire de la fraternité en faveur des citoyens, on verra le peuple tout entier transformé en solliciteur. Propriété foncière, agriculture, industrie, commerce, marine, compagnies industrielles, tout s’agitera pour réclamer les faveurs de l’État. Le Trésor public sera littéralement au pillage. »
Frédéric Bastiat, Œuvres complètes
Arrêtons d’aider les agriculteurs.
« Nous les écologistes, nous ne sommes pas là pour emmerder le monde mais pour le sauver », affirmait le 29 janvier l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint.
Sauver le monde, contre son gré. Sans lui demander son avis. Souvent même en le méprisant, car il ne serait pas assez éveillé à la nouvelle religion en vigueur, qui nécessite de lui voler du « blé » et réguler son labeur.
Voici le mal dont souffrent les agriculteurs, qui après 70 ans de socialisme se sont fait labourer leurs droits, liberté d’échange et motivation d’entrepreneur. Dans le pays le moins libéral d’Europe, un exploitant agricole sur sept a connu des revenus nuls ou déficitaires en 2021, et 26% vivaient sous le seuil de pauvreté en 2019, soit moins de 1 102€. Une situation économiquement intenable, toute activité insuffisamment rémunératrice étant mécaniquement vouée à disparaître par manque d’intérêt financier. Les libéraux n’ont ainsi pas été surpris quand des révoltes ont éclaté partout en Europe à la rentrée et que le brasier du mécontentement s’est enflammé récemment chez les agriculteurs français.
Climat, culture, géographie, tous les ingrédients sont pourtant réunis pour des agriculteurs épanouis. Pour peu qu’on enterre définitivement, et sans jachère, les sauveurs politiques.
Le sauveur européen
La construction européenne se fait aujourd’hui trop souvent contre les peuples. Contre leur porte monnaie d’abord, en volant 27 milliards d’€ au contribuable français en 2023. Argent qui sera ensuite redistribué avec l’efficacité qu’on connaît de ce type de mécanismes socialistes. Pour les agriculteurs, cette redistribution se fait dans le cadre de la PAC, la politique agricole commune (ou unique si on en croit la vision écologique européenne), qui engloutit 1/3 des 168 milliards de budget de l’UE. Ainsi les agriculteurs vivent de l’aumône, puisque 74% de leurs revenus viennent de ces aides et jusqu’à 250% pour les producteurs bovins.
Par ces aides, l’UE fausse complètement les prix et instaure une dépendance infantilisante/nocive envers l’Etat. De plus ces aides sont, années après années, davantage conditionnées à des règles dites « écologiques », comme la diminution de pesticides, la jachère, la préservation des zones humides (mais pas les bassines), le développement de haies, l’agroforesterie, le bio évidemment même s’il fait faillite, etc… Règles qui, pouvant s’apparenter au bon sens pour certaines, n’ont pas à être imposées au mépris du droit de propriété, mais s’appliqueront volontairement et spontanément si elles s’avèrent efficaces.
Le sauveur français
Comme acolyte du sauveur européen, s’ajoute le sauveur Français. Celui-ci est un meilleur sauveur encore.
Champion de la contribution volontaire, la France est le pays où les terres agricoles sont les plus taxées d’Europe et où logiquement la rentabilité est la plus basse. Ainsi selon l’étude de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), la rentabilité des terres agricoles françaises après impôts est nulle ou négative, et le taux d’imposition atteint parfois plus de 100% des revenus.
À cela se transposent aux règles européennes, les règles françaises, dont une liste non exhaustive a été partagée récemment sur les réseaux sociaux par un agriculteur légitimement remonté, et démontrant l’étendue de l’absurdistan étatiste dans lequel le pays est englué. Ainsi les agriculteurs passent leur temps à remplir des formulaires, la demande devient la norme, et la recherche de ce qui est autorisé prévaut sur celle de ce qui pourrait être interdit. Quand l’entrepreneur ose ensuite ne consacrer que 90% de son temps à faire de la paperasse, chaque erreur est sanctionné par un fonctionnaire, dont le seul fait d’arme aura été de passer des concours et d’obéir aux ordres.
N’ayant pas assez sauvé la filière, l’Etat français poursuit son combat héroïque pour le pouvoir d’achat des travailleurs du secteur en réglementant les négociations entre agriculteurs, intermédiaires et distributeurs. C’est le but de La loi EGalim (le nom présageait déjà l’échec), adoptée en 2018 et qui vise à « l’Équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous« . Comme pour l’immobilier et tant d’autres secteurs, cette loi encadre (empêche), les prix, marges, réductions, négociations, contractualisations, et créé des organisations parasites, nids à emplois fictifs et bullshits-jobs, tels que l’Observatoire de la formation des marges et des prix et son magnifique site internet style 2003, digne de celui pour déclarer ses impôts de société, et dont le design augure de la modernité de ses missions.
Ces contraintes du libre-échange, avec des résultats toujours prévisibles, sont alors bien visibles depuis une semaine sur les routes, aux portes de Paris, Lyon et à l’entrée des centrales d’achats.
Arrêter d’aider les agriculteurs
L’enfer est pavé de bonnes intentions. Et cet enfer, les agriculteurs sont plongés dedans depuis 70 ans (développement de l’Etat providence pendant/après guerre et création de la PAC en 1962).
Taxes, impôts, subventions, réglementations de leurs contractualisations commerciales, de leur production, de leur propriété agricole, surveillance, contrôles, amendes, écologistes déchaînés qui déterrent des récoltes ou saccagent des bassines… On peut difficilement imaginer environnement plus hostile pour les entrepreneurs du vivant.
Les sauveurs auto-proclamés de l’agriculture, ont au fil des décennies, jetés la profession en pâture. La création de l’Etat providence tentaculaire par le Maréchal Pétain avec la retraite par répartition, a enclenché un cycle infernal de socialisme, qui pour fonctionner nécessite de voler toujours plus d’argent aux français. Une grande partie étant gaspillée dans les frais de fonctionnement, quand l’autre partie finance des services inefficaces, donc beaucoup plus coûteux que ceux du privé.
Cet Etat providence ponctionne partout où il peut, en l’occurrence ici chez les agriculteurs, alimente des monstruosités bureaucratiques et parasitaires (UE, Ademe, les 18 000 fonctionnaires du ministère de l’agriculture hors enseignants), déconnectées de toute réalité économique et sociale, qui à leur tour ponctionnent les actifs et produisent des normes pour justifier leurs revenus et se créer des occupations. Sans même parler ici des étudiants/chômeurs/subventionnés écolos, qui sans cette providence seraient dans l’incapacité financière de passer du temps à détruire des champs quand ça leur chante.
Toutes les meilleures intentions du monde, finissent toujours en politique par une taxe et une interdiction. Les agriculteurs n’ont pas besoin d’être sauvés, si ce n’est de l’Etat. Ils n’ont pas besoin d’être aidés, sinon en libéralisant leur profession, par une déréglementation et une baisse massive des taxes. Sortir de la politique agricole commune qui les esclavagise et détruit la création de justes prix avec les aides, leur fera également le plus grand bien. Bref laisser-faire et refaire prévaloir le droit naturel.
Une fois libérés de leurs chaînes étatiques, les agriculteurs ne feront qu’une bouchée de la concurrence et pourront à nouveau nourrir correctement la France.
Sauvons les agriculteurs, arrêtons de les aider.