Dans les démocraties modernes, le « pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple » est délégué à une représentation issue de la volonté de la majorité, créant de facto un régime où les intérêts de la majorité s’imposent au détriment des minorités souvent réprimées. C’est d’ailleurs ce qui permet en France comme ailleurs d’installer une inaptocratie glissant peu à peu vers le socialisme qui paralyse les forces créatives de la nation. Finalement, les systèmes démocratiques actuels, loin d’assurer à tout un chacun la possibilité d’être maître de l’évolution politique de son pays, sont le siège d’une violence sociale où les individus productifs sont martyrisés fiscalement et les fruits de leur travail confisqués pour être redistribués à l’électorat des partis politiques au pouvoir.
D’aucuns prennent le fâcheux raccourci de dire que la démocratie entraîne nécessairement l’instauration d’un régime socialiste, et qu’elle est incompatible avec la protection des libertés individuelles. Les plus extrémistes vont même jusqu’à souhaiter la mise en place d’une monarchie ou d’une forme de dictature dont les individus au pouvoir seraient les garants des libertés individuelles.
Pourtant, il existe un moyen de limiter les dérives socialistes de la démocratie et, mieux encore, que chacun puisse directement influer sur les politiques « sociales » de son pays, moyen qui s’inscrit pleinement dans la lignée libérale.
Les prérogatives de l’Etat limitées au stricte régalien
Le principal problème des démocraties modernes est d’une part l’absence de limitations des prérogatives de l’Etat, et d’autre part l’absence de contre-pouvoir suffisamment contraignant et représentatif des aspirations de chaque individu. L’absence de limitations des prérogatives de l’Etat permet à celui-ci d’accaparer un contrôle toujours plus grand de la vie des individus et de l’activité économique, les empêchant de réaliser leurs aspirations. Ce point est déjà consensuel au sein de la communauté libérale, et nous n’argumenterons pas l’intérêt de cette limitation du pouvoir de l’Etat.
Ainsi, la constitution doit lister limitativement les prérogatives de l’Etat, c’est-à-dire que son champ d’action est limité aux seules prérogatives citées par celles-ci. Parmi ces prérogatives, les plus consensuelles seront la justice, la sécurité des biens et des personnes et les relations étrangères (diplomatie et armées) ; mais on peut aussi y inclure des éléments nécessaires à la cohérence de la Nation comme le pilotage macroscopique des infrastructures stratégiques (énergie, réseaux routier et ferroviaire) ainsi qu’un cadre pour les programmes scolaires des écoles (privées bien entendu).
Les financements comme contre-pouvoir
Au-delà des limitations juridiques de la constitution, le contre-pouvoir le plus efficace pour s’assurer que l’Etat ne s’octroie pas de pouvoir toujours plus important sur la société est d’assurer son financement par les seuls dons de particulier et d’entreprises. La seule source de revenu de ce dernier serait donc une sorte d’impôt volontaire. Cela nécessite bien sûr de faire confiance à la responsabilité individuelle puisque par exemple entretenir une armée capable de dissuader les Etats hostiles de nous agresser nécessite des financements importants.
Cela reste toutefois le contre-pouvoir le plus efficace puisque, dès lors que les politiques menées vont à l’encontre des intérêts des forces productives de la nation, et donc par extension contre le bien de la Nation entière, et bien celles-ci sont capables de faire cesser ces agissements en coupant à l’Etat ses revenus.
Par exemple, si l’Etat veut instaurer un revenu social à toutes les personnes sans emploi, dans les démocraties actuelles cela implique d’augmenter la fiscalité et donc de confisquer aux individus productifs le fruit de leur travail contre leur gré. Dans le système proposé par cet article, non seulement cela irait au-delà des prérogatives de l’Etat, mais en plus cela nécessitera l’approbation de ces mêmes forces productives, puisqu’elles sont libres de financer ou non cette politique. En cas de refus de financement, alors cette politique ne serait pas viable et l’Etat serait contraint d’y mettre un terme.
A l’inverse, si par exemple la population souhaite mettre en place des normes anti-pollution sur les véhicules puisqu’elle juge que cela porte atteinte à sa liberté à respirer un air sain, elle peut menacer de couper ses financements et s’organiser en syndicats pour mieux faire entendre ses revendications.
L’initiative individuelle comme moteur de la solidarité nationale
Certains diront qu’un Etat qui n’a aucune prérogative sociale est immoral puisqu’on laisserait les gens qui n’ont pas de revenu, et ne peuvent pas en avoir, mourir de faim. Cet argument est totalement faux, et la solidarité nationale est possible dans un système libertarien. Il s’agit simplement de faire confiance aux individus. En effet, si l’initiative individuelle et l’esprit entrepreneurial sont le moteur de la prospérité économique, alors cette même initiative individuelle peut être le moteur de la solidarité nationale. Les Restos du Cœur en sont la preuve. Les associations recueillant des réfugiés aussi, tout comme celles collectant des fonds pour envoyer du matériel humanitaire en Ukraine.
Ainsi par exemple, beaucoup d’étudiants en France n’ont pas les moyens de poursuivre leurs études, surtout lorsque leurs parents refusent de les aider. Dans un système tendant vers le libertarianisme, rien n’empêche la création d’associations de mécénat, où des personnes ayant des revenus confortables pourraient donner quelques euros par mois, à leur propre initiative, pour venir en aide à ces étudiants dans le besoin, d’autant plus qu’ils ne seront pas contraints à payer des impôts toujours plus élevés comme c’est aujourd’hui le cas en France.
Le libéralisme ne s’oppose donc par principe à la solidarité de la Nation, il s’oppose simplement à la mainmise de l’Etat sur cette question et veut la laisser à l’initiative de chacun.
Conclusion
Le consensus politique en Europe semble aujourd’hui être celui de prérogatives toujours plus étendues des Etats, pour mieux organiser l’économie et favoriser les politiques sociales disons, quitte à ce qu’il faille mettre en place un matraquage fiscal démesuré des individus pour arriver à cette fin. La fiscalité étant par nature injuste puisque l’on prive les individus productifs des fruits de leur travail, nous avons vu comment nous pouvions repenser le système étatique pour favoriser les libertés individuelles, et surtout économiques. De plus, nous avons démontré que, contrairement à ceux que beaucoup de socialistes prétendent pour tourner les idées libérales en dérision, l’absence de politique sociale mise en place par l’Etat n’empêche en rien que la Nation vienne en aide aux personnes les plus fragiles par charité, vertu de beaucoup de libéraux dont les étatistes tentent de s’accaparer le monopole.