Le Nouveau Libertarien

Le dernier scrutin a tout pour désespérer les libéraux. Et c’est le cas. Encore une fois, nous avons droit à 100 nuances de collectivisme. Le résultat est conforme à l’offre.

Ces chiffres semblent désespérants. Mais pour répondre à la question « Que faire pour simplement exister politiquement, et reconstruire ce pays promis à la ruine ? » et tenter une réponse : peut-être faudrait il commencer par arrêter de suivre le train : nous l’avons manifestement raté.

En fin de compte, les scores cumulés du couple RN-NFP au premier tour des législatives ne représentent que 40,9% des électeurs, ce qui est loin de la majorité des votants et donc très, très loin de la majorité des électeurs

Certes, ce chiffre est élevé. Mais il n’est dû qu’au vote des abstentionnistes, qui se sont miraculeusement réveillé, pour voter plutôt RN d’ailleurs.

Il est donc sans doute un peu expéditif de conclure que le pays est à l’image de ses partis politiques et définitivement et implacablement collectiviste. Il serait peut-être plus juste de dire que ce pays est collectiviste par défaut : quand il s’énerve, il devient collectiviste. De toute façon, il n’y a pas d’autre option.

Bien sûr, il serait totalement farfelu de compter les 60% qui ne votent pas pour les offres les plus collectivistes comme « libéraux » et de se déclarer premier parti de France. Mais si on regarde les voltes faces du RN sur pleins de sujets, il est assez clair qu’ils se sont mis à chasser l’abstentionniste avec des arguments très, très vaguement libéraux, ou disons plutôt, moins collectivistes, et que, tiens donc, ça semble marcher.

De toutes les façons, s’il existe quelque part de potentiels libéraux, ce n’est clairement pas dans les bayous où nagent les encartés qu’il faut aller les chercher : nous n’avons aucun passe-droit, aucun privilège, aucune caisse noire, aucun poste à ne rien faire et à être payé par l’argent du contribuable à leur offrir. Donc nous ne les intéresserons pas.

L’Etat aux Citoyens

Il faut peut-être commencer par arrêter d’être naïf et penser que l’on peut convaincre les gens avec des arguments politiques. Les seuls qui écoutent les arguments politiques sont des gens qui ont un agenda politique : soit ils rêvent d’écraser les autres en imposant leurs idées, soit ils sont incapables de vivre sans avoir un ennemi à détruire.

Le citoyen « normal » essaye juste d’exprimer quelque chose et est tout content quand il peut trouver enfin quelqu’un qui dit ce qu’il pense à sa place.

Au vu des chiffres toujours gigantesque de l’abstention, contredits uniquement quand le bulletin de vote devient un défouloir, il est tout à fait sensé de considérer que la grande majorité des Français soient des citoyen « normaux » qui ne pensent pas politique 24 heures par jour et 7 jours sur 7.

C’est à eux qu’il faut s’adresser.

Pour cela, il est fondamental d’arrêter de vouloir être pris au sérieux « comme des vrais politiciens ». Ce n’est pas en mettant un costume ou un tailleur bon chic bon genre et en accumulant les éléments de langage que l’on va s’intéresser à nous.  Ce n’est pas non plus en faisant un parti politique « sérieux » qu’on pourra expliquer que nous ne voulons pas faire de la politique. Il faut plutôt promouvoir l’inverse, à savoir : redonner le pouvoir à la société civile et à l’individu et remettre l’Etat à sa place.

Ce qui est, cela dit en passant, le fondement du libéralisme : nous ne sommes pas des sujets de l’Etat.

Ne jamais donner un millimètre aux gauchistes

Le préalable indispensable pour être crédible et audible est sans nul doute d’arrêter d’être les idiots utiles des collectivistes. Il faut avant toute chose arrêter d’être l’instrument des bonimenteurs en s’écharpant sur des sujets conçus pour faire polémique et diviser la société civile.

Si on devait tracer un portait du « libertarien », celui-ci ne vote pas (sauf glisser une blague dans l’enveloppe), il est persuadé qu’il faut laisser la liberté aux gens et il considère que l’Etat peut raconter ce qu’il veut, en fin de compte il décidera selon sa conscience, en évitant autant que possible les ennuis.

Pourquoi donc n’arrivons nous pas à nous empêcher de prendre position et de nous battre entre nous à chaque nouveau projet de loi ? Pourquoi ne pouvons nous pas nous en tenir à ce que nous pensons, plutôt que de jouer les apprentis législateurs dès que la première occasion se présente ?

Un libéral n’a pas à se battre pour ou contre l’avortement, le mariage des homosexuels, les modalités des retraites, de l’assurance chômage ou le revenu universel. Dès que ces sujets font l’objet d’une loi, ils conduiront au bout du compte toujours une restriction de liberté. Toute loi (sans exception) est une réduction de liberté : si vous ne la suivez pas, on vous colle une amende ou on vous met en prison.

Un libéral qui se prononce pour ou contre une nouvelle loi ne fait que donner du crédit aux collectivistes. Il vient grossir les rangs, soit des étatistes de gauche, soit des étatistes de droite, soit des étatistes du centre : il nourrit le léviathan.

Il faut arrêter de faire ça.

Il faut par principe se déclarer opposé à toute nouvelle loi, quelle qu’elle soit. Surtout si cette loi est présentée comme une nouvelle liberté accordée par maman Etat qui permet à bébé Citoyen d’aller s’amuser s’il ne fait pas de bêtises et qu’il remplit correctement le formulaire.

Le fameux conservateur libéral

La deuxième chose à faire, tout aussi importante, est d’arrêter de faire de la philosophie. L’Etat est une association criminelle qui utilise la loi, à la fois pour imposer sa volonté, mais aussi pour se réguler et être tolérée par la société. Tout parti politique est un gang de criminels qui veut prendre la place du parrain de toutes les mafias afin de régner sur elles.

La politique, ce n’est pas une science ou une discussion : c’est une course au pouvoir qui ne se fait pas en étant le plus intelligent ou le plus savant mais en gagnant.

Est-ce que cela veut dire qu’envisager un parti libéral reviendrait à vendre son âme ? Non, il est tout à fait possible de conserver son intégrité, mais ceci suppose de respecter une condition indispensable : il faut fuir toute compromission. Ne pas le faire, c’est se destiner irrémédiablement à se transformer en hybride de socialiste et à devenir un libéral zombie.

Il ne faut jamais négocier les principes :

  • On n’obtient pas la liberté en créant des lois et des règlements.
  • La propriété est sacrée, l’impôt est un vol.
  • Le progrès ne se décrète pas pour les autres, il s’obtient par l’innovation et l’adoption volontaire de la part de la population.

Dès lors, un parti politique libéral ne peut être que conservateur.

On peut personnellement tout à fait être libéral et progressiste bien sûr. Mais dans ce cas-là, on ne fait pas de la politique, parce que cela reviendrait à mettre en place des politiques publiques et cela aboutira toujours d’une façon ou d’une autre à trahir nos principes. Dans ce cas-là, on devient entrepreneur, on fait de l’action sociale, de la philosophie, on cherche à innover ou à expliquer. C’est d’ailleurs la voie suivie par l’énorme majorité des libéraux et des libertariens.

La politique, ce n’est pas la démocratie

Vous trouvez ce texte trop directif, ne laissant place à aucune liberté ? Vous avez raison : il l’est à dessein.

Un parti politique, ce n’est pas un club de discussion ou de réflexion. On y trouve de tout, et surtout plein de gens qui n’ont pas le même avis.

Il y a même de fortes chances qu’on y trouve également toutes sortes de phénomènes : entre ceux qui ont tout compris de travers, les abrutis inévitables, les savants fous, les professionnels du hold-up et les sous-marins venus juste pour tout faire capoter, il faut se souvenir en permanence que (ça ne coûte rien de le répéter plusieurs fois) : « tout parti politique est un gang de criminels qui veut prendre la place du parrain de toutes les mafias afin de régner sur elles ».

Il n’y a qu’une seule solution pour éviter l’explosion ou l’embourbement inévitable : y faire régner un ordre quasi totalitaire. La démocratie interne est le pire ennemi des partis politiques.

Ce dernier point, encore plus que tous les autres est incompatible avec l’esprit libertarien et inacceptable pour la grande majorité des libéraux. C’est sans doute pour cela qu’il faut se rendre à l’évidence : on ne peut pas être à la fois acteur et observateur de la vie politique. On est soit l’un, soit l’autre.

C’est aussi pour cela qu’il faut absolument arrêter de donner des diplômes de libéralisme ou de libertarianisme. Entre « penser » libéral et « faire » libéral, il y a un énorme gap.

S’il y a 100 nuances de collectivisme dans la vie politique Française, ce n’est pas à cause des Français, ni à cause du système, du destin, de l’histoire ou que sais-je encore : c’est qu’il ne faut s’en prendre qu’à nous même.

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